Régulièrement des personnes font appel à mes services pour des problèmes de comportements chez leurs chiens. La communication animale va nous aider à comprendre pourquoi le chien a tel ou tel comportement, la communication peut le rassurer s’il a des peurs, ou bien même guérir des traumatismes. Mais souvent, il y a AUSSI un besoin d’entraînement et/ou d’éducation afin d’ancrer ou renforcer un comportement…  c’est pour cela que j’ai demandé à Karine Di Blasi, de En tête à truffe,  de me donner son point de vue sur quelques sujets récurrents dans mes consultations, comme :

L’anxiété de séparation :

 Régulièrement, lors de mes consultations, on me demande ce qu’il faut faire lorsqu’on quitte la maison et qu’on laisse Médor. Est-ce que je dois prévenir mon chien, ou bien l’ignorer ?
Toi par exemple Karine, comment fais tu avec tes chiens ? Alors, moi, mes chiens, j’aime tout leur dire et tout leur expliquer, sans jamais leur mentir, donc je leur dis « là, on va prendre la voiture », «on va chez le véto» «on va promener» « je m’en vais, je reviens vite », etc. (J’ai pris le temps d’assicier les mots aux situations à chaque fois qu’elles se presentaient). Pour mes chiens, c’est ce qui fonctionne le mieux et j’ai vraiment remarqué un mieux être, un apaisement, car tout est prévisible.
Pour les chiens qui sont stressés, il faut banaliser les départs. Un peu comme tu banaliserais une araignée pour les gens qui ont peur des araignées : tu ne vas pas dire à un arachnophobe « Attention, là, je te préviens, il y a une araignée qui va monter sur ton bras… », il fait une crise cardiaque directe (rires), il faut désensibiliser cela progressivement en montrant un petit dessin d’araignée rose trop mignonne, puis une peluche, puis une photo vraiment jolie… pour notre chien c’est pareil ! Sans appeler ni regarder son chien, on peut toucher la poignée de la porte et se rasseoir, mettre ses chaussures et rester à la maison, prendre son manteau ou ses clés pour aller à la boîte aux lettres et revenir… tout cela en respectant son état émotionnel : on avance à son rythme à lui. 
Puis, aux personnes qui t’appellent pour des problèmes de détachement, de séparation (en général, les signes sont des destructions, des vocalises, de la malpropreté ou des automutilations) qu’ils qualifient d’anxiété de séparation ou de détresse d’isolement (petite nuance entre les deux, mais pas très important d’expliquer ici…), tu peux leur demander : «est-ce que votre chien a appris à rester seul ? Est ce vous êtes le seul centre d’intérêt de votre chien ? Est ce que votre toutou a des activités mentales, physiques et sociales à la hauteur de ses besoins chaque jour ? Est ce que toutes les activités transitent par vous ? » 
Et ensuite explorer ces pistes : enrichir l’environnement du chien, ajuster ses activités et leur intensité, développer son autonomie… Par exemple en proposant tous ses repas de manière interactive : des jouets d’occupation (un jeu distributeur ou d’intelligence), de la recherche (dans un tapis de fouille ou dehors dans le jardin) et pourquoi pas lui proposer sa gamelle divisée en plusieurs activités ! Il va avoir du fun en autonomie, va pouvoir choisir et donc prendre confiance en lui, chaque choix étant gagnant.
Autre chose : quand mes chiens me sollicitaient mais que j’étais occupée, je donnais un mot (chez nous c’est « non merci » mais vous pouvez choisir autre chose) et les redirigeais vers une activité en autonomie comme la mastication ou le léchage : on peut laisser un grand bac ou une cagette de jouets avec plusieurs types de masticatons alimentaires à l’intérieur, ainsi que différents jouets, et veiller à ce que votre toutou ait toujours de quoi s’occuper avec des choses vraiment intéressantes pour lui. Maintenant, mes chiens ont pris l’habitude de s’occuper seuls lorsque je ne suis pas disponible, ils vont directement dans leur bac à jouets chercher leur occupation, et cela fonctionne aussi lorsque je suis absente. Et bien sûr le reste du temps, on passe du temps de qualité ensemble, on fait de belles balades avec et sans copains, on apprend de nouveaux tours… A terme, ce n’est pas toujours l’humain qui dit « tiens regarde ton jouet », ce n’est pas l’humain qui est à l’initiative de toutes les interactions et notre chien apprend à aimer son autonomie autant que notre compagnie.

Quand il y a une détresse qu’elle qu’elle soit, pour votre chien ou pour vous, il faut se faire guider par un pro (la Team Cap Dog peut vous orienter vers des éducateurs éthiques de votre secteur géographique selon leurs domaines d’expertises). Parfois on doit aussi se faire accompagner par un vétérinaire spécialisé en comportement qui prescrira des médicaments, tellement que c’est dur pour le toutou… Je précise qu’adopter un autre animal pour aider le premier à supporter la solitude n’est pas forcément une bonne idée, si le mal-être de notre chien est lié à l’absence humaine… Le nouvel arrivant risque de stresser en voyant son colloc si mal et développer lui-aussi des troubles anxieux.

– Oui j’ai eu un cas récemment, et je suis intervenue en communication (les miracles arrivent parfois…) et je leur ai donné des fleurs de bach… j’attends des retours, mais bien évidemment, je leur ai dit de faire appel à un éducateur… 

– Oui bien sûr, ça peut aider, tout comme le CBD, la phytothérapie… en complément d’un suivi si les symptômes persistent. L’important est de ne pas laisser le malaise s’installer. La « vraie » anxiété de séparation diagnostiquée par un vétérinaire ou un éducateur canin vraiment formé sur le sujet s’apparente à de la phobie. Tous les éducateurs ne sont pas formés sur la prise en charge de l’anxiété de séparation car cela prend énormément de temps, d’émotions, d’énergie aussi. Le protocole se fait à distance, en visio avec les humains (car l’éducateur canin ne doit pas être un nouveau point de repère qui signifie que l’absence va bien se passer), les séances sont très détaillées et régulières. C’est un entraînement très spécial, les étapes sont vraiment très conservatrices. Le chien n’est plus jamais laissé seul en détresse en dehors des séances coachées, des entraînements à la solitude sous surveillance plusieurs fois par semaines, chaque absence est filmée et programmée. On ira petit à petit, on ne laissera jamais le chien en détresse. C’est vraiment une spécialité à part entière, qui donne de supers résultats.

Lorsque vous avez un animal qui n’a aucun souci avec le fait de rester seul à la maison, et qui est léger et serein, dites-lui où vous allez, avec qui et pourquoi… Ils adorent savoir ce qu’il se passe dans votre quotidien, dites-lui aussi combien de temps vous partez, meme si les animaux n’ont pas la notion du temps, ils comprennent la durée que ça représente pour vous 😉 

Poser des limites & donner une structure à son chien

Joy : – J’ai aussi beaucoup de problèmes d’anxiété chez les chiens car ils ne savent pas où sont les limites, ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. C’est un peu comme dans notre « nouvelle société d’enfants rois », on a les chiens rois (rires) 
Karine : –Nous, humains, avons du mal à poser un cadre cohérent à notre chien. En général on répond à chaque sollicitation sans conditions, polie ou impolie, parce qu’on ne veut pas frustrer, ou qu’on a le temps, ou l’energie, qu’on culpabilise d’être souvent absents… Jusqu’au moment où on frustre quand même malgré nous parce qu’il nous arrivera à tous d’avoir des moments où nous ne serons pas disponibles ou absents. Sauf que notre chien n’y a pas ou peu été préparé… 

On instaure des règles qu’on transgresse nous-mêmes. Le chien ne comprend pas que ce qui est autorisé ou en libre service dans 90% du temps ne soit tout d’un coup plus accessible. Par exemple, Tata Jeannine, jeune retraitée, est l’unique centre d’intérêt et source d’activité de Titoutou. Elle chute et est emmenée à l’hôpital… Titoutou n’a jamais appris à s’occuper ni rester seul… Il est fort probable que ce soit la panique pour lui. (Tata Jeannine va bien, simple entorse.)
Ou bien votre chien vous saute dessus pour vous dire bonjour, ça vous fait plaisir à tous les deux. Et un jour de pluie, il rentre du jardin, vous fait la fête et vous le grondez… Ce n’est pas compréhensible pour lui, il n’a pas intégré que « pattes boueuses » et « pantalon blanc » = pas de saut, quand dans 95% des cas c’est ok sans condition !

Ce n’est pas juste pour lui de répondre à toutes ses sollicitations sans condition, de lui donner cette habitude d’être un buffet à volonté alors que concrètement, il y aura tout un tas de situations où vous ne pourrez pas lui répondre immédiatement ou de la manière dont il le souhaite (que celui qui n’a jamais rêvé d’un moment seul au toilettes lève la main !).

Un cadre juste, bienveillant et cohérent est sécurisant pour notre chien, qui aime ce qui est prédictible, prévisible. Les rituels sont rassurants, 50% des problèmes de comportements sont évités quand on apporte cette structure à son chien. Et notre communication est grandement facilitée.
Puis on fait vivre notre notre chien dans un monde où on a un tas de règles et de conventions sociales à respecter, ne serait-ce que les transports en voiture, la législation des parcs et forêts en balade, les horaires de sorties, la laisse, les croisements de personnes ou chiens qui ne sont pas d’accord pour une rencontre, la patience en salle d’attente du véto… Si on ne pose pas de cadre dans lequel notre chien peut évoluer en sécurité et en faisant les bons choix et en lui apprenant à gérer ses émotions, sa frustration, on le met dans l’échec et on voit apparaître des soucis de comportement.

– J’ai beaucoup de communcations où les chiens se sentent anxieux et stressés car ils ne savent pas ce qui est autorisé ou pas. Ils me parlent également de gens changeants et irréguliers dans leurs demandes. Tu me confirmes qu’ils ont plus de mal à gérer émotionnellement sans structure.

Exactement. L’humain a plein de bonnes raisons d’adopter un animal, mais c’est souvent aussi pour soi-même qu’on le fait… Ce qui fait qu’on charge notre chien de plein de bagages qui ne lui appartiennent pas… en plus de la mission qu’il a choisi… et ces bagages émotionnels sont souvent la raison de nos incohérences 😅

Notre but et notre responsabilité en tant que gardien c’est que notre animal puisse vivre sa meilleure vie. Pour cela, on lui permet de satisfaire tous ses besoins inhérents à son espèce (pour un chien par exemple : mastiquer, creuser, rencontrer des congénères, courir en liberté, flairer…), et on le guide grace à un encadrement et un apprentissage cohérents (toujours la même réponse à un comportement) et sécuritaires (sans peur, sans violence), on l’accompagne pour lui apprendre à gérer ses émotions, on lui montre que tout (y compris l’humain gardien) n’est pas accessible tout de suite et que ce n’est pas grave, et on passe des moments de qualité en tête à truffe. C’est ça le but de la cohabitation réussie, que chacun y trouve son compte.

Ce n’est pas parce qu’on impose des règles et une structure à son animal qu’on ne l’aime pas. Au contraire, un animal a besoin de savoir ce qu’il PEUT et ne PEUT PAS faire. Il a besoin de se reposer sur des bases solides pour savoir où sont les limites… comme les enfants d’ailleurs.  Si vous l’aimez et que vous souhaitez le bien de votre animal, faites-le ! Je rappelle quand même que notre animal n’arrive pas par hasard dans notre vie et qu’il vient nous faire travailler certaines blessures et guérisons. Il se fera un peu plaisir de vous le partager en séance. Donc n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec moi, Joy, pour une consultation en Communication animale ou bien avec Karine pour vous aider à éduquer votre toutou et lui donner un cadre sécurisant !. 
Joy en Inde, qui ne s’était pas encore penchée sur le sujet de l’éducation. Aujourd’hui ce serait  » non, on ne saute pas, les 4 papattes au sol !! » 
Et bientôt la suite…  To be continued…
Karine, toute souriante et équipée pour une belle séance d’éducation positive 😉 
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